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Albert Monier photographié par Jean Louis Gorce |
Les origines et la découverte de la photographie.
En 1950, il regagne Paris et son Auvergne natale, pour se consacrer à l'art photographique et va séduire le public avec ses clichés. Il est plus intéressé par les paysages et les attitudes des « petites gens » que par le portrait. Il développe ses clichés d’une manière empirique à Savignat en utilisant le « bac » du village et un agrandisseur personnel
Exprimant le charme et la poésie de Paris et l’insolite de l’Auvergne qu’il parcourt Voigtländer au poing, ses œuvres lui assurent une notoriété internationale. A partir de 1951, il exposera régulièrement en France et à l’international notamment à New-York. Ce succès artistique s’accompagne d’une réussite commerciale. Il édite également ses photos en cartes postales, une innovation commerciale qu’il aura du mal au début à placer auprès des distributeurs. Le premier acquéreur fut le libraire Couteau au 135 boulevard Saint-germain. Puis il rencontrera le succès : plus de 80 millions de cartes ont été vendues dans le monde sous la marque « LPAM » et la boutique du boulevard Saint-Michel devient le rendez-vous des collectionneurs de cartes postales. En 20 ans, il publie plus d’une centaine de cartes postales dont les dernières sont en couleur. La famille vit alors à Courbevoie, dans deux pavillons dont un utilisé comme laboratoire, dispose d’une employée de maison originaire du Cantal. Albert s’absente souvent pour faire des photos et proposer à la vente ses cartes postales ; il aura même un représentant.
Cette notoriété grâce à la carte postale en fait un des intervenants majeurs d’un colloque consacré à la « Carte postale illustrée » organisée par la Société des amis du Musée Nicéphore Niepce de Châlons-sur-Saône du 6 au 8 mai 1977 où il cite son ami Henri Pourrat racontant les débuts de sa « destinée » de photographe.
En mettant une légende à ses œuvres, il associe les mots aux images. Autre innovation majeure pour l’époque, il lance le grand format photographique 40x50 et le poster : 100 000 posters ont été vendus dans le monde entier et font le bonheur des collectionneurs. Ses photos illustrent des ouvrages d’Henri Pourrat, son grand ami - qui a préfacé un livre de photos sur Paris-, Marie-Aimée Méraville, sa voisine du Cézallier,4 Jean Anglade, Pierre Moussarie. Lui-même est l’auteur de deux ouvrages : « Paris » et « Au pays des grands causses » dont les photos portent les textes.
Au cours des années 70, l’abandon de la fabrication du papier bromure l’amène à abandonner la carte postale. Il réalisera encore une série de clichés sur commande de la ville d’Aurillac dont le Musée d’art détient un fonds photographique original et les droits qui y sont attachés.(négatifs, plaques de verre). D’après le témoignage de Paul Dufour, recueilli auprès d’Albert Monier lui-même, il aurait réalisé son dernier cliché le 20 juin 1982 : "Mariage à la Concorde"
Très attaché à l’Auvergne, il se sépare néanmoins de la maison de famille à Savignat en 1983. Celle-ci est acquise par un ami de Montboudif, Jean-Lou Michalet qui créera en 1999, avec des amis et des admirateurs du photographe, l’Association Albert Monier (association de la loi 1901) dont le siège est à Chanterelle.
Classé comme photographe « humaniste », Albert Monier est décédé le 21 décembre 1998 à Paris et repose en Normandie, à Malleville-sur-le-Bec. Son œuvre reconnue tardivement par le grand public, mais ignorée par ses confrères, il développera un certain ressentiment à leur égard. On a ainsi pu parler de « photographe maudit » à son sujet.
Une partie de son œuvre est exposée dans un espace qui lui est dédié à Condat (Cantal) ainsi que dans l’authentique salle des fêtes de son village natal, Chanterelle (Cantal). L’association éponyme se consacre à la valorisation de son œuvre et à entretenir sa mémoire par diverses manifestations et évènements, expositions, rencontres, conférences ou célébrations telles que le centenaire de sa naissance en 2015 et le vingtième anniversaire de sa disparition en 2018 avec l’hommage rendu le 8 avril 2018 devant la plaque apposée sur l’immeuble où il a vécu à Paris, 8 rue Nansouty dans le 14ème où sa haute silhouette et son affabilité sont encore dans la mémoire des résidents qui l’ont côtoyé. Les témoignages recueillis par Michel Lasserre en 2014 et 2015 auprès de ses amis donnent une image contrastée d’Albert Monier à la fois très sensible et aigri, gentil et bourru.
Président de l’Association Albert Monier
"Au pays de Condat-en-Feniers" écrit et édité par le Monastère M.D. Znaménié, 1996. « Les pages consacrées à Albert Monier ont été « (…) réalisées avec sa collaboration ».
« Albert Monier au-delà des frontières Jean-Claude Delaygues, La Montagne, 16 mai 1993. Il reste connu aux Etats- Unis comme un des meilleurs représentants du courant humaniste des années 50 grâce à ses cartes postales et à ses thématiques ; des auteurs d’ouvrages sur Paris font appel à des photos d’Albert Monier pour les illustrer telles que celles de Notre-Dame (HL PHOTO GALLERY ; Christopher Meason Photo Editor, New-York 2019).
Quelques dates phare de sa carrière
1953 Sortie de son album "PARIS"
1955 Reconnaissance des académiciens comme G. Duhamel, J. Paulhan et A. Billy et participation à la biennale de la photographie au Grand Palais
1957 Premier prix au concours du journal Franc-Tireur avec la carte : "L'écriture de la lumière"
1958 Edition de cartes "noir et blanc" sur l'Auvergne
1959 Sortie de l'album "Aux pays des grands Causses" en 5000 exemplaires
1960 Edition de cartes couleurs sur Paris
1962 Edition de cartes couleurs sur l'Auvergne – Un chiffre annuel de 2 millions de cartes est atteint
1963 Edition de posters – une première en France – Centenaire de la croix rouge : commande de 10 000 cartes de "La poignée de mains" avec en surimpression son emblème
1964 Edition de symboles avec 2 sujets sur la même carte
1965 Exposition à Radio City Station à New York
1967 A. Monier préside le 3ème concours du Centre national de la recherche scientifique – émission de 30 minutes à la Télévision
1968 Exposé aux journées internationales de Porquerolles
1969 Co-auteur (textes) d'une "Encyclopédie de la photographie"
1973 Conception d'objets pour illustrer un nouvel album et pour une exposition
1977 Emission d'une heure à Radio France international sur les origines de la carte postale et le charme de Paris qu'elle a permis de transmettre
1983 Exposition au musée d'Art et d'Archéologie d'Aurillac
1993 Emission de 20 minutes à FR3 "Albert Monier, Penseur d'images"
1998 21 décembre, dernier jour de l'automne, décès d'Albert Monier
Plus de 80 millions de cartes et 100 000 posters ont été vendus dans le monde.
Bibliographie
- Paris. préf. Henri Pourrat. Chanterelle-Cantal, L.P.A.M., 1954, 104 p.
- Au pays des Grands Causses, texte Henri Pourrat, éditions Chaix Paris, 1959.
- Carte postale in Encyclopédie Prisma de la photographie 1969 ; publ. dir. Maurice Déribéré.
- Albert Plécy, « Un pionnier de la carte postale », Gens d’Images, 1967.
- Carte postale, Paris: L.P.A.M. 1977, 75 p.
- Henri Pourrat et Albert Monier, L’Auvergne vue par Henri Pourrat et Albert Monier in: Cahier Henri Pourrat, no 3. 1985
- Suzanne Montagne et Claude Dalet, Henri Pourrat et Albert Monier, introd. Annette Pourrat. – 2e éd. – Clermont-Ferrand : Bibliothèque municipale et interuniversitaire, Centre Henri-Pourrat, 2001 (79-Reix : Impr. Centre France). – 159 p. – (Cahiers Henri Pourrat; 3).
- Poème en l’honneur d’Albert Monier, Annie Majaray
- Albert Monier sur le site "Patrimoine Condat (15)"
Dans les médias
« Albert Monier, penseur d’images » – INA-
"Le Sénat rend hommage au photographe Albert Monier"
Voir la vidéo sur le site culturebox.
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Cliquez ici pour voir le reportage réalisé en 1995 par Paul Dufour (couleurcantal.tv) |
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Cliquer ici pour voir le reportage réalisé en 2022 par FR3 Auvergne |